En attendant "l’effondrement qui vient" ( selon Pablo Servigne ), je cultive toujours la sobriété paresseuse. J’étire le temps pour respirer, penser librement, cultiver mon libre-arbitre, militer, jardiner, peindre, dessiner et mais je ne souhaite plus gagner ma vie à la perdre. Je ne culpabilise plus de "sur"vivre des minimas sociaux, dans cette société néo-libérale, régie par les lois du marché et de la concurrence à outrance. Je ne fais plus partie de la compétition entre les hommes et je n'ai plus peur ( bien au contraire ). J'ai l'impression que ça devient contagieux la résistance fertile. Dés mes premier emplois saisonniers, j’ai de suite saisi le principe de l’aliénation au travail et comme le dit si bien Jean Ziegler dans son livre "Le capitalisme expliqué à ma petite fille (en espérant qu'elle en verra la fin)" "...elle est l'arme principale des capitalistes pour dominer les esprits. Elle menace chacun de nous. Toi y compris...Les cosmocrates parviennent à faire croire à ceux qu'ils dominent qu'ils défendent l'intérêt commun, l'intérêt de tous les membres de la société. La fonction de l'aliénation est de détruire l'identité singulière de l'individu, de le priver de son libre-arbitre, de sa capacité à penser librement et à résister. Il s'agit de le réduire à sa fonction marchande." J’ai travaillé dans les vignes, dans une maison de retraite. Après l’obtention de mon BTS en Communication Visuelle, j’ai enchaîné les entretiens d’embauche dans les agences de communication, pour finir dans un centre commercial ( où l’on m’a vendu un emploi de chargée de communication alors que je vendais des emplacements dans la galerie commerciale aux entreprises ). J’ai travaillé auprès des enfants des gens du voyage avec une association qui gérait les aires d’accueil et la scolarisation, mais qui s’est vite transformée en "pompe" à subventions publiques, oubliant un temps ses missions humanitaires et sociales. J’ai travaillé deux années, dans une école primaire en tant qu’auxiliaire de vie scolaire, en contrat aidé ( jetable ). Dans ces emplois pour la plupart précaires ( payés au SMIC ), j’ai essayé d’y apporter du sens, de la créativité et surtout de l’humain. J’ai beaucoup appris, j’ai souvent "jouer le jeu", j’ai appris à ne pas trop l’ouvrir ( non sans difficulté ), à ne pas trop revendiquer, car la revendication est toujours mal perçue dans notre société très hiérarchisée. Travailles et tais-toi – surtout ne pose pas de questions. Comme le dit si bien David Graeber "...dans notre société, il semble y avoir une règle, qui dicte que plus il est évident que le travail que l’on fait a un bénéfice pour autrui, moins on est susceptible d’être payé pour ce travail. Encore une fois, une mesure objective est difficile à trouver, mais un moyen simple de se faire une idée est de se demander: qu’arriverait-il si cette classe entière de travailleurs disparaissait ? ". Le travail en général s’est profondément dégradé et déshumanisé ( pour le même emploi, aujourd'hui on demande trois fois plus de tâches au salarié ); le salarié n’est plus qu’un déchet, un consommable, un simple chiffre parmi tant d’autres pour engraisser l'actionnariat. 6,5 semaines, c'est le temps qu'un salarié doit travailler pour les actionnaires en France, contre deux semaines il y a trente ans selon l'économiste Michel Husson. Parce que le travail actuel n’est plus le lieu de la libération ou de l'émancipation de l'humanité, je ne vois plus l’intérêt de travailler dans ce non-sens, je laisse ma place aux autres ( en espérant que nous soyons de plus en plus nombreux à résister à la subordination ). Comme le dit si bien Marx : dans le système capitaliste le travail salarié aliène l'homme. Je suis toujours artiste-peintre, je travaille tous les jours, seulement j’affirme désormais ma volonté de travailler librement dans des activités diverses et variées ( selon mes besoins ). Bien évidemment en tant qu’artiste, on n’échappe pas ( encore une fois ) à cette "foutue" règle "économique" qui veut que tu te soumettes à la loi du marché où tout est monnayable. Soit tu travailles gratuitement pour une gloire de quelques secondes ou pour te constituer un réseau, soit tu payes pour être visible et te constituer un réseau ( le réseau est partout ! ). Je passerais outre le fait qu’un artiste, ne vend pas obligatoirement un produit fini et lui-même n’est pas un produit ! Plus les années passent et plus ta survie ( ou réussite selon la novlangue de l’idéologie dominante ) dépend de cette économie aliénante soit-disant "positive" et libératrice. Un exemple : les réseaux sociaux où le nombre de clics détermine ta popularité et ta visibilité, c’est gratuit mais c’est toi le produit ! Tu travailles gratuitement au stockage de milliards de données ( d’images ) pour des multinationales, les GAFA avec la participation active d’algorithmes de plus en plus rapides. L'algorithme, c'est le nouveau jouet prédictif de l'économie capitaliste. C'est le nouvel outil de servitude et de propagande. Rappelles-toi : tu es ton propre produit, tu vends du rêve mais tu n’es qu’un chiffre parmi tant d’autres. L’idéologie néo-libérale prônée par le gouvernement En Marche ( ou crève ), n’y changera rien, c'est un monstre. Elle va définitivement enterrer nos espoirs d’un bien commun, d’une répartition juste de nos richesses ( oui, nous sommes tous, sans exception producteurs de richesses ! ), en vidant les caisses publiques au détriment du privé et sur l’autel de la dette et des banques. Notre démocratie est un leurre, c’est une dictature démocratique et ça commence sérieusement à se voir. Petit aparté • salauds de pauvres - je parie que dans quelques mois, ce gouvernement va nous pondre un revenu de base dans leur plan pauvreté - pour encore mieux légitimer la suppression de la Sécurité Sociale où "chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins" et démerdes-toi avec une assurance privée pour te soigner ou te payer ta retraite. Je ne veux pas faire parti de ce sacrifice, je ne gagne pas ma vie pour consommer et/ou vivre à ma retraite ( si elle résiste au démantèlement de la Sécurité Sociale ). Je me sens bien plus utile depuis que je ne travaille plus. Le travail tel qu’on nous le propose, n’est plus la source de mon identité. Je travaille ma peinture, mon dessin, je milite bénévolement dans un syndicat d’artiste, je lis beaucoup plus ( journaux, essais politiques, économiques, philosophiques...), j’approfondis ma pensée, mes connaissances ( en droit, en bricolage, en jardinage...) et j’essaye de transmettre mes savoirs. Comme je le disais en ce début d’année, plus j'éprouve le temps dans toute sa longueur et dans toute sa langueur, plus je me ressource. Plus je nourris ( au propre comme au figuré ) mon esprit critique par des lectures diverses et choisies, d'une information moins réactive et plus philosophique; plus mes neurones se régénèrent de manière exponentielle. Tout comme Gaston Lagaffe ( mon personnage préféré depuis tout petite avec Mafalda ), j’aime faire les choses avec plaisir, sans chercher obligatoirement une satisfaction immédiate. Je tâtonne, j’ai dix milles idées par jour que je laisse en jachère. Et en parlant de jachère et pour reparler d’un effondrement imminent ( économique, écologique…), le jardin m’apparaît comme une évidence - c’est un refuge fertile et vital comme les arts ( la poésie, la musique, la peinture...). Après l’école de la vie, j’aspire de plus en plus à l’école de la nature. "La belle diversité de la nature nourrit, inspire, donne des forces, rend meilleur et différent et voici bien l'instant où le parc et l'art s'unissent : modifier et relier l'homme dans le partage. Il en va de même dans la qualité de l'échange humain et l'harmonie sociale qu'apportent les jardins familiaux et partagés, emblèmes d'une micro société où la terre associe les êtres. Le jardin fait retrouver notre humanité au-delà des symboles sociaux. (…) On parle souvent de l'école de la vie, mais l'école de la nature est la toute première." Gilles Clément dans son livre "Des jardins et des hommes" Après la terrasse de 20 mètres carrés ( où je n'ai plus la place pour expérimenter ) et l’expérience collective d’un jardin partagé, je cherche à faire l’acquisition d’un terrain ( non constructible parce que je n'ai pas les moyens pour le constructible ) pour y cultiver un jardin potager plus grand avec cette envie insatiable d'y laisser pousser une biodiversité créative ( un jardin potager, une mare, une petite cabane-atelier, des arbres, de la culture en agroforesterie, en gros un lieu d'expérimentation…). Et ça fait un bon moment que ça mûrit... Je cherche donc un propriétaire qui vendrait un terrain ( non constructible, agricole, loisir...) de 1000 à 2000 mètres carrés ( c’est bien suffisant pour commencer ), idéalement clos par des haies et proche des communes de Clisson, Saint Hilaire de Clisson, Cugand ( 44190 ou 85610 ). Que vous soyez propriétaire d’un terrain ( je pense aux chasseurs qui très souvent possèdent des petits terrains bordés de haies ), que vous connaissiez quelqu’un qui connaît quelqu’un qui possède des terres, que ce petit projet de jardin potager et lieu d'expériemntation vous parle, tous les partages généreux sont les bienvenus ( les encouragements aussi ). Vive les résistances fertiles et la sobriété paresseuse avec ces réjouissants mots de Bernard Maris et quelques nourritures affectives, engagées et engageantes. "Et si l'inutilité, la gratuité, le don, l'insouciance, le plaisir, la recherche désintéressée, la poésie, la création hasardeuse engendraient de la valeur ? Et si les marchands dépendaient - ô combien ! - des poètes ? Et si la fourmi n'était rien sans la cigale ? Voici venu le temps d'affirmer, contre les économistes, que l'inutile crée de l'utilité, que la gratuité crée de la richesse, que l'intérêt ne peut exister sans le désintéressement." • "Le capitalisme expliqué à ma petite fille (en espérant qu'elle en verra la fin) " de Jean Ziegler - un livre d’intérêt publique, une arme de destruction massive contre le capitalisme. "Pour qu'un monde nouveau plus humain puisse naître, il faut que les privilèges et la toute-puissance des capitalistes disparaissent dans les poubelles de l'histoire, comme autrefois les privilèges et la toute-puissance des marquis." • "La Médiocratie – politique de l’extrême centre " essai philosophique d’Alain Denault • Manières de voir n° 156 du Monde Diplomatique "Travail. Combats et utopies" • "Inventaire avant liquidation " documentaire de Rémy Ricordeau • "La Sociale" documentaire d'utilité publique de Gilles Perret • un très article de Reporterre sur "Les Zad, des laboratoires de résilience face à l’effondrement" • "Les jours heureux" documentaire sur le Conseil National de la Résistance de Gilles Perret • "Attention, danger travail " documentaire de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe • "L’assistanat des riches nous coûte un « pognon de dingue » ! " chronique de Jean Gadrey (professeur honoraire d'économie à l'Université Lille 1) • "L'Effet Bahamas" projet d'un long-métrage sur l’Assurance chômage. "Historiquement nous avons deux salaires. Le premier, c'est le salaire direct, le salaire net. Le second est mis en commun sous forme de protection socialisée. À ce titre il est juste de dire que la protection sociale est à nous. Quand on parle de charges sociales, c'est un glissement linguistique et idéologique." • Bernard Friot et ses recherches sur le salaire à vie • la chaine YouTube Thinkerview • et pour souffler un peu le documentaire turque "KEDI, Des chats et des hommes" parce qu'il y a des chats sur le dessin et dans ma vie.
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Catégories
Tous
Archives
Juin 2024
|