![]() Cher CAE, ou devrais-je dire cher Contrat d' Accompagnement à l'Emploi, 23 mois ont passé, en tant qu'auxiliaire de vie scolaire, ou devrais-je dire employé de vie scolaire, puisque mon contrat est un contrat de travail aidé. Je me suis laissé prendre au jeu de la réinsertion, même si par ailleurs je suis artiste-peintre ( artiste-auteure inscrite et cotisante à la Maison des Artistes, mais précaire comme beaucoup ). Il y a deux années de cela, je suis retournée sur le chemin de l'emploi ( m'extirpant des statistiques de la catégorie A ), et je suis devenue une aide, un soutien à temps partiel, pour deux enfants d'une école ( celle de ma commune ). Ces deux années ont été très enrichissante pour moi, j’ai su apporter mes connaissances et mon dynamisme pour accompagner au mieux les enfants. Je me suis investie au sein de l’école, en apportant ( en complément de l’aide ) mes compétences artistiques ( comme la création collective d’une fresque, d’un panneau de signalisation à proximité de l'école...ect.). J’ai su apporter à ce poste un encadrement bénéfique, basé sur l’écoute, le suivi et la créativité ( que je trouve inhérente à l’éducation de chaque enfant ). J’ai su donner un regard différent sur l’apprentissage, tout en collaborant avec l’équipe pédagogique, pour accompagner au mieux ces enfants et leur donner la confiance nécessaire. J'ai vite réalisé que 24 mois, c’est assez court pour apprendre à connaître l’enfant, et développer les outils nécessaires pour l'aider à consolider son autonomie dans l'apprentissage. L’enfant a lui aussi, besoin de temps pour connaître son auxiliaire de vie scolaire et lui accorder sa confiance. J'aurais souhaité garder ce poste au sein de cette école, j'aurais souhaité finir l'année scolaire et ne pas partir au début du troisième semestre. Mon contrat prend fin dans un mois, et je trouve dommageable ( et je reste polie ! ) le fait de devoir partir en cours d’année, surtout au cours de cette année importante d’apprentissage qu’est le CP. J'enrage de ne pouvoir rien faire. J'enrage surtout de devoir annoncer mon départ, plus particulièrement à l'un d'eux ( que j'aide depuis deux ans ) - un garçon curieux, drôle et attachant, que j'ai vu grandir et s'épanouir très rapidement. Depuis le début de l'année, j'avais gagné sa confiance et j'étais juste la petite voix complice, qui le rassurait, l'encourageait, répondait à toutes ses interrogations, l'oreille attentive qui l'écoutait...je pouvais reconnaître ses états d'anxiété et les canaliser rapidement ( et surtout sereinement ). Comment lui expliquer mon départ ( en cours d'année ), lui qui se projette et me parle déjà du CE1 ? Seulement voilà, un CAE, c'est 24 mois et ce n'est non renouvelable (sauf dérogation : avoir + de 50 ans ou bien être reconnu travailleur handicapé) – c'est un bilan comptable, une règle de travail. Sa durée ne peut être prolongée dans la limite totale d’une durée de 24 mois, "en fonction de la situation du bénéficiaire et de l’évaluation des actions réalisées au cours du contrat en vue de favoriser l’insertion durable du salarié". Je vais simplement devoir partir de l'école ( dans laquelle je me sentais utile et intégrée ) et on rembauchera une autre auxiliaire de vie scolaire en CAE ( parce que bien évidemment, le CAE ne coûte rien à l’école ). J'aurais juste envie de vous dire, dirigeants gouvernementaux, hauts-fonctionnaires déconnectés de la réalité, que proposer ce genre de contrat "bâtard" et précaire, pour des postes comme de l'aide à des enfants en situation de handicap, c'est une belle ARNAQUE à la réinsertion ( autant pour l'enfant que pour moi ) ! Ce genre de contrat, qui ne sert qu'à satisfaire les courbes statistiques et qui ne réconforte que les comptables de la république ( si ce n'est l'oligarchie ou les banques européennes ! ), n'est qu'un leurre. Le CAE est financé par l’état, l’argent publique et aux dires de ma conseillère-emploi ( qui ne m’a suivi qu’au début et à la fin de mon contrat ), il est depuis peu financé par des fonds européens. Pour tout cela, je suis donc en droit, en tant que citoyenne, en tant qu’ancienne employée en CAE, de m’interroger et de vous interpeller. Ce témoignage n'a qu'un but : vous faire prendre conscience, ( élus par les citoyens, politiques qui œuvrez pour le bien commun, l’égalité... ) de l'aberration de ce genre de contrat aidé, pour des postes comme celui d'auxiliaire de vie scolaire. Ces métiers sont justement d'aider l'enfant en situation de handicap à vivre sereinement son apprentissage et à consolider son autonomie. En quoi un CAE, qui a pour but de réinsérer une personne rencontrant elle-même des difficultés dans la réinsertion professionnelle, peut-il aider à pérenniser un travail d'accompagnement auprès de l'enfant en situation de handicap (lui-même en difficulté) ? Je ne suis malheureusement pas la seule à "pointer" du doigt ce contre-sens mais je tenais à l'exprimer ! Et ce n'est pas le projet de loi sur la réforme du code du travail (en cours) qui va nous réenchanter l'espoir ! Aux dernières nouvelles, l’école qui m’emploie en tant qu’auxiliaire de vie scolaire, ne peut créer légalement un CDD de trois mois, pour au moins terminer l’année scolaire. La solution serait de créer un CDI, mais encore une fois, la conjoncture actuelle en matière d'emploi est bien défavorable. Pour cela, je ne peux que m’interroger sur les raisons - juste avancer que la création d’un contrat CAE pour cette aide spécifique, est bien plus intéressante financièrement pour l’employeur (l'école), et c’est bien dommageable parce qu’il n’existe aucune pérennité dans l’action éducative ! L’Éducation Nationale (par le biais du rectorat et de l’inspection académique) soutient ce contrat aidé pour l’aide aux enfants en situation de handicap. De nombreuses personnes, et institutions admettent l’aberration, mais personne ne souhaite améliorer cette situation. En tant que citoyenne, engagée et volontaire, je trouve cela déprimant, autant de résignations de la part de l’administration. Aucunement, je n’ai été réinséré, j’ai été encore une fois, le faire-valoir d’une politique de l’emploi qui précarise et déshumanise. Sachez que nous, les citoyens travailleurs, sommes les créateurs de richesses dans ce pays. Ce témoignage a été envoyé à différents élus du département, mais également aux ministères du travail et aussi de l'éducation. Voici la réponse du Ministère du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social que vous pouvez visualiser ICI ! La réponse laisse perplexe, si je comprends bien, un CAE ne sert pas développer des emplois pérennes, juste à réinsérer (et à satisfaire les courbes statistiques). J'étais pas loin dans mon analyse ! #OnVautMieuxQueCa
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Mars 2023
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